Hola tout le monde
C'était cette semaine…
Une semaine froide…
Une semaine sur mesure pour le loup.
La nuit a été froide…
Petit zoom arrière…
La veille déjà, dans la rue, sous un léger brouillard givrant, le plastique jauni des lampadaires diffuse une lumière blafarde, presque irréelle.
Lobo lève la tête… Plafond bas.
La basse couverture brumeuse me laissera seulement imaginer, bien plus haut, les astres dans le cristallin du froid sidéral.
Faudrait qu’la température tombe encore… !
Y-a-t’il un Dieu pour exaucer les vœux d’un Lobo… ??
Sans doute !
Ce matin belle surprise,
- 8 au thermomètre judicieusement placé au premier endroit où l’on se rend au réveil… Qui à dit le casier à bières du frigo… ?? M'enfin…! ! !
Coup d’œil à l’extérieur…
Pour des yeux qui viennent à peine de s’ouvrir la blancheur agresse.
Mû par un réflexe naturel la pupille se rétracte, la mise au point se fait sur un paysage transformé.
Plus un nuage, et, si le ciel est encore gris je me permets de rêver à un ciel couleur bleu glacier.
Il n’a pas neigé et pourtant sous le ciel tout est blanc, immaculé…
Le froid de la nuit aura eu raison du brouillard qui tel un mutant s’est transformé en givre.
Fruit mûr, fruit sec, bois mort ou vert, vivant, minéral, conifères d'aiguilles habillés ou feuillus nus comme un ver … peu importe sans discernement, sans état d'âme aucun, un givre blanc, froid, beau, de son emprise les aura fait sien..
Devant un café naturellement trop chaud. Tandis qu'à la radio, un commentateur sans doute fatigué par la trop longue nuit, délivre son flot de balivernes habituel, je m'imagine et compose la journée.
Comme si engourdie par le froid elle aussi, à l'horloge, une heure s’écoule lentement.
Sur le bas horizon de "Maïsland" un blanc soleil se lève sans réchauffer l'atmosphère.
C'est sûr… Lobo va sortir…
J'avale "rapidamente" un second café brûlant.
Vêtements chauds, jumelles, appareil photo… rien de plus, si ce n'est une excitante frénésie que je connais bien.
La porte s'ouvre; la blancheur givrée des moins 8 centigrades interpelle sans sommation... Le corps se raidi, les muscles se contractent cherchant à retenir la moindre molécule de chaleur.
N'en déplaise aux météorologues des bords de mer, ce sont des températures de saison. Premiers pas, fine couche de givre gelé crissant sous les semelles. Pas de vent... C'est idoine !
La nature est silencieuse, même corneilles et freux, pourtant souvent si sonores, se taisent… Surtout garder la moindre calorie, ne rien céder au froid…
Ne dérogeant pas à la règle, quelques Buses et Hérons sont là… A l'affût !
Les Buissons grouillent de vie… Rouge-gorges, bruants, pinsons, mésanges…
Tout ce petit peuple est animé par la même nécessité…
Manger et résister…
Résister pour ne pas mourir…
Résister et espérer voir le prochain printemps…
Simplement résister car eux ne sont pas partis…
Et … manger pour… résister !
Mes pas me dirigent à présent vers la rivière…
Je m'en approche dans un silence inhabituel…
Prisonniers aussi, les flots…
Plus de clapotis… Rien..
Neutralisé, cryogénisé.
Un éclair bleu traverse le tableau…
Juste le temps de le reconnaître, le Martin pêcheur a disparu.
Une silhouette survole d'un vol chaloupé les champs avoisinants.
Dans le rond des jumelles la silhouette devient Busard St-Martin… Une femelle.
Le St-Martin est un hivernant régulier dans notre région.
Un petit tour par la gravière. Gelée en partie. Un coup d'œil à ma montre thermomètre… -10
Un sourire entendu se dessine sur mon visage…
Ceux descendus des froides lumières nordiques sont là...
Installés pour quelques mois dans leur hivernale résidence d'été.
Certains, frileux, redoutant un hiver semblant descendu directement du Labrador sont partis vers des horizons plus bleus, vers le chaud.
Et puis y a ceux qui sont restés...
Ceux pour qui hiver rime avec froidure, disette et lutte pour la survie...
Je reste un long moment à observer ces oiseaux, hivernants régulier sur cette gravière.
J'appelle un ami, Phil... Lui propose de me rejoindre.
La réponse et sans équivoque...
- Je veux bien mourir pour toi et tes oiseaux, mais pas de froid.
- Rappelle-moi à la saison de la bière et non celle du vin chaud...
Le loup ne s'en laisse pas compter et fini par amadouer le bougre...
Un quart d'heure plus tard arrive, une silhouette, une forme, une chose...
Lobo regarde d'un œil intrigué s'approcher la chose…
Juste un corps engoncé dans une parka…
Une tête sortant directement d'une volumineuse écharpe, au point qu'elle semble ne pas avoir de cou.
Un bonnet de meunier semble enfoncé jusqu'à l'écharpe.
Une voix traverse le nuage d'haleine enveloppant le visage…
- T'as de ces idées…
- Lobo pose un doigt sur ses lèvres… Pschhhttt, regarde dans la lunette.
- Un sourire illumine et réchauffe le visage de Phil.
- T'as apporté ta caméra comme je te l'ai demandé
- Phil acquiesce.
- Vas-y je te laisse faire.
Phil filme de longues minutes… puis me dit d'un air ironique.
- La batterie est entrain de geler…
- la batterie..???
- Ouiii la batterie, mais moi aussi si tu veux le savoir.
Je souris ... Je sais bien que phil n'est pas en colère.
Je lui explique ce que j'aimerais faire !
- Je rentre, je te prépare ça et te l'envoie.
Je le regarde s'éloigner…
Les heures s'égrènent doucement, silencieuses…
Si le froid à fait sien le début de la matinée, à présent la température s'élève doucement, mais régulièrement.
Le bleu du ciel semble vouloir céder la place à une grise couverture nuageuse…
Hormis le sifflement d'un train porté par le froid aucun bruit, aucun signe d'activité humaine.
Sur le chemin du retour je croise la piste de Goupil.. Passé la fraction de seconde de surprise à m'observer, il s'en va d'un trot tranquille à travers les labours gelés.
Une buse à l'affût dans les labours ne se laissera pas déranger par goupil…
Le village approche, si les toits sont restés blancs et les cheminées à la besogne…
Signe d'un radoucissement évident, la givrée blancheur aura disparue.
Le village est silencieux, mes paires bien au chaud…
Un chocolat fumant terminera de façon fort adéquate cette ballade.
En cliquant sur le lien ci-dessous, vous verrez ce que Phil m'a (nous a) fait.
Celui, celle, qui saura dire PRECISEMMENT qui Phil a capturé gagne… le droit de venir se geler ici en hiver…
http://arthurau.club.fr/visionature/telechargement.htm

