25 décembre, le loup est agité excité…
Mais pourquoi donc ?
C'est Noël, diraient les homo sapiens.
Mais pour le Loup… C'est autre chose…
De sa tanière il voit la blancheur dehors.
Une diffuse grisaille enveloppe la forêt.
L'appel des loups, l'appel du loup…
Je ne l'entends pas bien sûr, mais il est là, bien présent dans mon esprit… Et, qui sait… Peut-être même plus.
Une aussi irrésistible qu'incontrôlable envie de parcourir la campagne.
J'ouvre la porte, sur mon crâne d'où ont sans doute disparu les cheveux avec les derniers loups un vent descendu tout droit du Labrador me cryogénise les neurones.
Un coup d'œil au thermomètre… le mercure s'y est réfugié tout au fond.
Un sourire satisfait et approbateur m'éclaire le visage.
Pelage synthétique, Hi-Tech et "fomec" sur le dos me voilà parti.
De la grisaille humide et du froid, voici les outils…
Un nordique vent fort, voilà l'artisan.
Des yeux de loup et un œil numérique… voici tableaux et sculptures
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je laisse derrière moi le village
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]et me dirige vers la forêt.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La forêt est blanche et… brune.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pas un bruit, la forêt est silencieuse, comme anesthésiée par le froid.
Dans un bruissement, des feuilles mortes depuis cet automne, semblent craquer et mourir une seconde fois sous mes pas.
Mon esprit vagabonde au gré de mes pas dans cet univers de bois et de glace.
Reste t'il une vie ici… ? Dans ce froid… ?
Enchantement ou mirage ?
Des ombres se dessinent à travers les arbustes
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Non les yeux en amande du Loup ne lui jouent pas de tour… Formes fugaces, mais oh combien enchanteresses.
Quelques minutes à les observer aux jumelles… Une petite harde de chevrettes sont couchées là dans les champs gelés.
Une douleur vive au bout des doigts me signale que ceux-ci sont entrain de geler.
Les poches de ma veste plus habituées à transporter mon fourbi ne savent plus réchauffer mes mains.
Allez une dernière photo et je rentre… Grrr, mon appareil photo, malgré une batterie complètement chargée ne réagit plus… Gelé.
Je mets sa batterie dans ma poche.
Et puis zut c'est quand même pas Saint Celsius qui va faire sa loi.
Le loup décide d'approcher à plat ventre sur les labours gelés, les chevreuils.
J'en suis à présent assez proche, certains ont vu cette drôle de forme allongée et se lèvent.
Je les "reprends" dans les jumelles, je peux voir leur haleine blanchir leur museau.
Mes doigts me font mal et tremblent.
Comme un magicien mal habile avec des gestes cassés je remets la batterie de l'appareil photo.
Hourahh ça fonctionne. Un doigt gourd et tremblant appuie encore par deux fois sur le déclencheur.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Puis l'appareil se rebelle et refuse à nouveau de fonctionner par ce froid.
La nuit tombante sert d'excuse à mon corps refroidi pour vouloir rentrer au chaud.
Problème de conscience… Se lever et déranger les chevreuils ou endurer encore un peu ce froid et repartir en rampant ?
Allez, je rampe encore un peu, puis m'en vais.
Il fait à présent assez sombre. J'entreprends le retour d'un pas décidé et accéléré…
J'arrive chez moi, passe devant la cachette du mercure… -11°
Sourire satisfait… Le loup est fier de son hivernal royaume.
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